La théorie du cygne noir, ou « The Black Swan »

Vous connaissez la théorie du cygne noir (black swan) ? A ne pas confondre avec le problème du cygne noir (en philosophie), on s’attache là à caractériser les événements ayant une probabilité très faible de se produire, ou même imprévisibles…

Mais d’abord, pourquoi appeler « cygne noir » un tel événement ? Tout simplement parce que, jusqu’à la découverte de l’Australie au XVIIème siècle, on ne connaissait que des cygnes blancs et, pendant l’Antiquité, pour illustrer un événement impossible, on le nommait « cygne noir « (maintenant on dirait « ‘quand les poules auront des dents »).

En 2007, Nassim Taleb, statisticien américain (si, si, il est bien américain) a rédigé un essai intitulé « The Black Swan » qui analyse ces événements rares qui ont des conséquences exceptionnelles. Pour illustrer ce qu’est concrètement un black swan, il prend en exemple les élevages de dindes aux USA ; dans lesquels on imagine facilement que les volatiles se pensent comme des seigneurs qui ont pour esclaves dévoués les hommes qui les nourrissent et les soignent au mieux. Pour ces malheureuses, le black swan, c’est l’approche de Thanksgiving : elles ne pouvaient pas le prévoir, et les conséquences sont énormes.

Au niveau de l’humanité, on peut penser que l’avènement du Christ (pour ceux qui y croient aussi bien que pour les autres) a été un black swan. On ne pouvait pas anticiper cette épiphanie et pourtant les conséquences se font encore sentir 2000 ans plus tard. De même la découverte des semi-conducteurs, Internet, la chute de l’URSS ou encore les attentats du 11 septembre, sont des cygnes noirs…

Pour ceux qui voudraient approfondir, je vous recommande vivement l’ouvrage de Nassim Taleb : « The Black Swan: The Impact of the Highly Improbable » (je ne sais pas si il a été traduit en français)

Alors, bien sûr, on se pose la question : est-ce que l’épidémie liée au SarsCoV2 est un cygne noir ? Et quel intérêt à le savoir ?

En commençant par la dernière question, parce que les conséquences d’un black swan sont absolument énormes. Et est-ce que c’en est un ? La probabilité d’un tel phénomène nous a, à tous, parue si faible que personne n’a envisagé d’envisager que ça se produise, et pourtant… Ensuite, il est évident que les suites en sont majeures : explosion des dettes publiques partout dans le monde, mobilisation sans précédent des scientifiques, découverte de nouveaux systèmes de soins (vaccins à ARN messager…). Pour finir on peut, a posteriori, rationaliser la pandémie, comme si elle avait pu être attendue.

Or, ce sont là, précisément, les trois critères qui, selon Taleb, définissent un cygne noir !

Donc, c’en est un et on peut, en conséquence, imaginer que, à l’instar des black swans connus dans le passé, les répercussions de celui seront importantes, et les stigmates indélébiles.

Alors, force est d’accepter le fait que demain sera, durablement, profondément, irréversiblement, différent d’hier. Et je pense, moi, que ceux d’entre nous qui se disent que, oui, on va encore supporter les conséquences du virus pendant quelques temps, ceux-là ont tort ! C’est pour longtemps, et probablement définitivement (à l’échelle de l’horizon de toutes les projections du futur) que les choses sont en train de changer, pas pour un an ou deux !

Je vous entends d’ici vous récrier, me qualifier de Cassandre, mais non, je ne prédis pas une apocalypse ; rassurez-vous, je reste d’un naturel optimiste et je suis persuadé que, de cette épreuve, il sortira du mieux… Toutefois, nos chefs d’entreprise, en particulier et surtout dans le domaine de la bio, mais aussi nos politiques, et d’une façon plus générale tous les acteurs sociaux, se trouvent aujourd’hui à un moment charnière, à un moment où les modèles de raisonnement et de projection doivent radicalement changer, et tous n’en sont pas forcément conscients.

La conclusion de ce long post, c’est que je crois que, vous les chefs d’entreprise, et vous leurs conseils, devez prendre pleinement conscience du fait que le « MIX Marketing » des entreprises, les produits, leurs prix, leur distribution, et jusqu’à la communication qui va avec, doivent impérativement être repensés à l’aune de ce cygne noir qui déclenche un futur incertain mais si proche.

Voilà, j’imagine qu’un bon nombre d’entre vous avaient, déjà, mais confusément peut-être, conscience de ce changement profond qui s’annonce, mais ça me paraît bien de vous donner, à vous, chefs d’entreprises qui m’honorez de votre confiance, cet éclairage quelque peu décalé.

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