3 avril 2020, Confinement Jour 18

Je venais juste de mettre en ligne mon post d’hier quand j’ai appris la nouvelle : on a fait comme les américains ! Nous, français, on a détourné à notre profit quatre millions et demi de masques destinés à l’Espagne et à l’Italie (et je suppose qu’ils n’avaient pas Venise pour destination ultime)… Ces masques, si j’ai bien compris, transitaient par chez nous et, dans un entrepôt à Lyon, on se les est appropriés. Réquisitionnés, qu’y disent !

Sur un plan politique, on pourrait se demander ce qu’en pense Bruxelles ; ce que l’Europe en pense tout bas… Tout bas parce que je n’ai entendu aucun responsable se récrier contre cette action. Quand les slovaques avaient fait le même coup, on les avait entendus, nos élus européens, rappeler à l’ordre le gouvernement de ce petit pays peuplé de paysans le plus souvent illettrés. Mais là, rien… Il s’agit de la France, qui pèse lourd dans les décisions, qui oriente fortement la voix de notre fédération ; alors personne ne dit rien. C’est vrai que, pour calmer les choses, pour que l’Europe se taise, la France a décidé, avec largesse, qu’on allait, à titre dérogatoire, libérer de cette saisie quatre cent mille masques… « Oui, je te vole, mais je te donne dix pour cent de mon larcin, alors sois content, italien ! Réjouis toi, ibère ! ».

Sur un plan juste humain, on pourrait se demander si E. Philippe et E. Macron arrivent à bien dormir. Comment se considèrent-ils, à se regarder dans la glace en se rasant le matin ? Malheureusement je ne suis pas sûr que le sens du mot vergogne leur soit familier, comme à beaucoup d’hommes politiques, d’ailleurs.

Ça ne m’arrive pas souvent mais là j’avoue que je ne suis pas fier ; je ne suis pas fier et, en plus, je suis déçu… Moi qui, après n’avoir pas voté pour lui, commençais à réviser mes positions sur notre président… Dès le début de la crise, le pacte de stabilité européen est mort, une des premières victimes du coronavirus (on peut soutenir que c’est bien, mais bon, ça porte un coup à l’Europe); et là, c’est Schengen qu’il faudrait placer en réanimation.

« France, mère des arts, des armes et des lois,

Tu m’as nourri longtemps du lait de ta mamelle :

Ores, comme un agneau qui sa nourrice appelle,

Je remplis de ton nom les antres et les bois.

Si tu m’as pour enfant avoué quelquefois,

Que ne me réponds-tu maintenant, ô cruelle ?

France, France, réponds à ma triste querelle.

Mais nul, sinon Écho, ne répond à ma voix.

Joachim du Bellay

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