30 mars 2020, Confinement Jour 14

Je me réveille avant cinq heures ce matin, et, le nez trop encombré pour me rendormir, je me lève.

C’est aujourd’hui que doit débuter l’activité de la plateforme de livraison de produits alimentaires que le maire de la ville a initiée. On va commander un plateau de ratatouille et aussi du fromage. Belle perspective ! Reste à savoir si on se fait livrer à la maison ou bien si on ira récupérer notre commande sur le MIN. On va en discuter tout à l’heure, quand Annie sera levée.

Ce soir, sur France 5, une information me fait littéralement bondir : ce médecin urgentiste dont je parlais hier, qui accusait le gouvernement de ne rien faire ; eh bien, il y a quelques jours, au début de l’épidémie, le 6 mars exactement, le même urgentiste ironisait, disant que les sur-réactions du monde politique causeraient certainement plus de dégâts que la maladie elle-même ! On a du mal à y croire tellement c’est gros, et pourtant…

Cet homme là, ce Docteur Christophe Prudhomme, c’est pourtant pas n’importe qui. C’est le Président de la Fédération des urgentistes, association plus ou moins affiliée à la CGT ; ce médecin, honte à lui, fait donc seulement de la « politique politicienne ». Ce qui compte à ses yeux, c’est pas la vérité, c’est pas de soigner des malades, c’est de casser du sucre sur le dos de ceux qui ne sont pas de son bord. Cet homme, image à la Daumier du serment d’Hippocrate prêté par un hypocrite, devrait pourtant battre sa coulpe : sa parole, le 6 mars dernier, a trompé les français ; l’appréciation qu’il a portée a peut-être incité nos gouvernants à adopter une position plus « attentiste » qu’il n’aurait fallu.

Et maintenant il voudrait donner des leçons ?

Honte à toi, Christophe Prudhomme !



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29 mars 2020, Confinement Jour 13



Ce matin, réveil à 8h30, nouvelle heure oblige. On est en pleine forme mais je vais arrêter de le dire (ou plutôt de l’écrire), ça commence un peu à faire rengaine.

Aux infos, un médecin urgentiste interviewé par un journaliste se répand en récriminations contre tout et n’importe quoi : l’incurie supposée du gouvernement, le manque d’effectifs, l’absence de solidarité en Europe, tout y passe… Il n’y a que les actions des syndicats pour trouver grâce à ses yeux. On dirait que l’heure des règlements de comptes a déjà sonné. C’est tellement pitoyable, tellement minable en ces heures difficiles, que j’ai envie de lui crier : « Va bosser au lieu de raconter tes inepties devant un micro, eh, banane ! Ce qu’on attend de toi, là maintenant tout de suite, c’est que tu soignes, syndicaliste de mes deux ! »

Un appel video à mon fils me rassure, mais à moitié seulement : Erwann n’a plus de fièvre, par contre il a mal au ventre et il a vomi une fois.

Pour midi, Annie nous a préparé une belle salade de fèves avec des feuilletés aux épinards et au chèvre. Aujourd’hui encore on va déjeuner sur la terrasse, ça aide bien à supporter le confinement. Annie s’est un peu habillée : elle a mis une robe longue rouge, avec un joli dos nu qui lui va à ravir. Ça aussi ça aide à supporter le confinement !

Le programme de ce dimanche après-midi est dense : on va s’occuper de collationner les éléments pour le dossier retraite d’Annie mais avant elle va me couper les cheveux ; depuis le temps que c’est elle qui se charge de ça, elle est devenue experte dans le maniement de la tondeuse.

Le soir on ne regarde aucun journal télévisé : trop d’infos tue l’info…



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28 mars 2020, Confinement Jour 12



En ce dernier jour de l’horaire d’hiver, c’est un beau soleil qui prédomine dès le matin, et on est tous les deux toujours autant en forme. Alors que je commence tout juste à rédiger cette chronique, j’ai un appel de ma mère :

-Ca va, vous ? demande-t-elle.

-Oui, ça va et toi ?

-Bof, tu sais, avec tout çà…

Et de m’expliquer qu’elle a entendu, je ne sais pas où puisqu’elle professe ne plus écouter les infos, que le sommet de l’épidémie ne serait pas atteint avant le dix avril. Je prends un ton aussi persuasif et tranquille que possible pour lui dire que personne, absolument personne, ne peut prédire ce qui va se passer, ça dépend de trop de choses qu’on ne connaît pas ou pas assez finement (l’efficacité des mesures de confinement, la durée de la contagiosité, etc.) et que, peut-être, ça prendra fin plus tôt qu’on ne croit. J’ai dit ça pour la réconforter mais, audiblement (je devrais dire visiblement mais comme on est au téléphone…), ça fonctionne pas. Alors j’essaie de l’amener à considérer les effets indirects positifs de cette pandémie : mise en échec patent de ce libéralisme exacerbé prôné depuis le traité de Maastricht, retour en force des réactions de solidarité, diminution de la pollution, etc. Quand on se quitte elle n’est pas convaincue mais, au moins, elle a un peu de grain positif à moudre…

À midi, déjeuner sur la terrasse. Au menu : Trio de poissons, champignons sauce soja, et riz. Pour commencer, on s’offre un verre d’un apéro au gingembre ramené de Moorea. P… que c’est bon !

On attend toujours les produits qu’Annie a commandés pour combattre mes allergies ; malheureusement, après plusieurs excursions jusqu’à la boite aux lettres, rien. On verra lundi.

La France atteint puis dépasse le seuil symbolique (y en a un tous les mille morts…) des deux mille décès. Six cents mille cas recensés dans le monde dont cent mille aux USA.

Après mon fils il y a une dizaine de jours, c’est sa compagne qui est en « suspicion » de covid-19, mais les enfants n’ont pas de symptômes. Rectification : à l’occasion d’un deuxième appel, on apprend qu’Erwann a de la fièvre.

Le soir, Edouard Philippe fait une conférence de presse à la télé : malgré la touffe de poils blancs de sa barbe qui lui macule la commissure des lèvres et qui lui donne l’air d’un mongolien en train de se baver dessus, il est plutôt convaincant, ça rassure un peu.

Ce qui rassure moins, c’est que, d’après France info, le maire de Sanary a interdit à ses administrés de s’éloigner de plus de dix mètres de leur domicile ! Pratique, pour aller acheter son pain…



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27 mars 2020, Confinement Jour 11

Vendredi matin : on se lève vers sept heures depuis deux ou trois jours déjà ; les derniers effets du jet-lag sont derrière nous, et nous sommes toujours en bonne forme.

Annie décide qu’aujourd’hui on va terminer les travaux de ménage commencés il y a quelques jours. On va nettoyer tous les vitrages. Moi, par contre, je m’étais fixé pour objectif de mettre à jour mon tapuscrit, y incorporer toutes les corrections et modifications notées ici ou là, et d’autres même pas notées mais seulement mémorisées dans ma tête. En plus, j’ai de la maintenance à faire sur mon blog, et ça commence à urger. Alors j’abandonne Annie à cette corvée de nettoyage ; elle me laissera ma part que je ferai plus tard.

Je m’installe tout de suite au bureau et, avant d’attaquer mon travail du jour, j’appelle mon frère. En discutant il me dit que, pour meubler sa solitude confinée, il a essayé d’emprunter des livres à la bibliothèque de son EHPAD mais qu’il n’arrive pas à se concentrer pour lire. Il n’y a que les BD qu’il dévore allègrement. Si je trouvais quelques vieux exemplaires des « Rubrique à brac » de Gotlib, je les lui offrirais volontiers, ça lui rappellerait notre jeunesse.

Quand, vers midi, Annie m’appelle pour déjeuner, j’arrête momentanément mon travail et je descends, tout en me disant que, décidément, il faudrait que j’offre un écran plus grand à mon ordinateur. Là j’ai du mal avec les petits caractères et certaines icônes me paraissent de plus en plus mystérieuses. Même si, avec l’âge, en même temps que ma tignasse a blanchi, j’ai dû me laisser pousser des lunettes, ça ne suffit plus. Maintenant il me faut lunettes et gros caractères.

En ce qui concerne les vitrages, Annie n’a fait que 90% du travail, alors je suis bien obligé de faire le reste. Pfff….

Aujourd’hui c’est elle qui fait le voyage jusqu’à la boite aux lettres : une commande d’Acerola est arrivée mais pas les produits contre les allergies.

Le soir on regarde une émission pendant laquelle un sociologue réputé, Jean Viard, nous révèle que, du 1er au 16 mars 2020, alors que l’épidémie avait déjà frappé l’Est de la France, le nombre total de morts (toutes causes confondues) est inférieur à celui de la même période en 2019.

Ah ben merdre, alors !

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26 mars 2020, Confinement Jour 10

Dix jours. Dix jours ont passé et nous ne présentons toujours aucun symptôme. La journée commence sur cette pensée positive. On se rapproche de l’échéance des quatorze jours pendant lesquels on est censés déclarer la maladie si on a été infecté, et rien. En y repensant, déjà au départ, il nous semblait peu probable d’avoir été infectés, allez savoir pourquoi !

Depuis le début de cette quarantaine forcée, on est relativement rassurés en ce qui concerne nos enfants : mon fils Xavier est en congés, il profite de sa progéniture, le fils aîné d’Annie télétravaille depuis le domicile de son amie. La seule ombre au tableau, c’est son fils cadet. Il est obligé d’aller bosser tous les jours : son patron, qui ne fait pas confiance à ses employés, a interdit le télétravail et impose à tous de venir au bureau. Résultat : beaucoup d’absences maladie, et, d’après lui, un cas de coronavirus avéré. Si, d’aventure, il devait être contaminé, sûrement que nous porterions plainte contre ce chef d’entreprise inconscient. Surtout que, pour bosser, il n’a besoin que d’un téléphone et d’une connection internet.

Nous sommes jeudi. Habituellement, le jeudi matin, je prends mon cahier d’écriture et je vais en ville, toujours dans la même brasserie, boire un cappuccino en écrivant quelques pages, installé au soleil. Aujourd’hui ça me manque mais probablement que, même en temps normal, je n’y serais pas allé : j’ai pris trop de retard dans les corrections à incorporer dans le tapuscrit de mon dernier roman. Ceci étant, à midi je suis bien obligé d’avouer que je n’ai pas avancé d’un pouce sur cette tâche.

Il y a sept ou huit mois, avant de partir en Polynésie, nous avions acheté, pour le volet roulant qui protège l’accès à la maison depuis la terrasse, un interrupteur « intelligent », commandable à distance par internet. Je n’avais pas trouvé le temps de l’installer. Cet après-midi je décide de m’y mettre. Quand j’ouvre la boite de ce produit américain, j’y trouve un superbe label marqué « made in China ». En une heure à peine, c’est monté, il n’y a plus qu’à le mettre en route. La notice traduite du chinois en anglais et de l’anglais en français par des machines automatiques, est truffée de phrases totalement incompréhensibles (on dirait du chinois…) heureusement que les illustrations sont claires parce que je n’aurais pas su que faire en lisant « flasher le noir bouton ». Mais bon, avec beaucoup de bonne volonté j’y suis parvenu. Ça fonctionne et c’est relié à notre auxiliaire zélée, j’ai nommé Alexa, le bras armé de Jeff Bezos. Seul problème, Alexa ne comprend pas les mots « ouvre » ni « ferme ». Il faut lui dire « Alexa, allume le volet ! » ; et elle consent à l’ouvrir. Ou alors, le soir, « Alexa, éteins le volet ! » Il est con, ce Jeff Bezos, je comprends que sa femme ait divorcé.

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25 mars 2020, Confinement Jour 9

Une journée de plus sans sortir, enfin, sans aller en ville… Parce qu’on peut, nous deux, sortir sur la terrasse ou dans le jardin. Mais sortir c’est aussi croiser des gens, avoir des interactions sociales -comme disent les sociologues à la mode, échanger, rencontrer les autres, bref, tout ce qui fait la vie en société, tout ce dont il faut se priver depuis presque dix jours. Et, dans les milieux autorisés -comme aurait dit Coluche, on commence à parler de six semaines, quarante cinq jours, de confinement.

Pour regarder le bon côté des choses, je suis content de constater deux choses : d’abord que, presque dix jours après notre périple semi-circumplanétaire, nous n’avons aucun symptôme d’une infection douteuse, et ensuite que, depuis que l’humanité est en grande partie cloîtrée, les niveaux de pollution, partout, ont chuté très significativement.

Et pour évoquer les petits emmerdements domestiques qui viennent souvent vous empoisonner l’existence, on a constaté ce matin que l’évacuation du lavabo de la salle de bains est bouchée… Merdre, merdre, merdre…. comme aurait dit le roi du palindrome.

À midi, Annie nous a dressé une jolie table, elle a mitonné des filets de flétan doucement rissolés. Devant tant de munificence, je me sens obligé d’aller à la cave chercher une bonne bouteille : un Chateau Saint Esteve d’Uchaux 2017. Un délice !

Mais bon, si le confinement perdure, ma petite collection de bonnes bouteilles va être mise à mal.

Michel, lui, dans son EHPAD, ne peut plus sortir de sa chambre. Leur confinement est total, même les repas lui sont servis dans ses dix m². Enfin, il a l’air d’aller bien, croisons les doigts.

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24 mars 2020, Confinement Jour 8

Aujourd’hui, Manu Dibango est mort… Albert Uderzo aussi. Celui-là des suites d’une infection au COVID-19, celui-ci non. Mais au final, ça ne change rien : deux monstres sacrés ont disparu. Est-ce que, quelque part dans je ne sais quelles limbes, Obelix est entrain de se trémousser au son de « Soul Makossa »?

Aujourd’hui, comme hier, on ne sortira pas, ni l’un ni l’autre. Pas de besoin impératif = pas de sortie. Il va falloir trouver des occupations plus intellectuelles que physiques. Ma seule sortie du jour, c’est pour aller à la boîte aux lettres : les recharges de mon stylo sont arrivées, sauvé…

Aux infos, le débat sur la chloroquine dispute le devant de la scène aux nombreux morts du jour. Mais du Professeur Raoult, pas d’intervention… Il laisse parler les autres. Serait-ce parce qu’il a d’autres chats à fouetter ?

Vingt morts dans un EHPAD de l’Est. Vingt morts sur cent pensionnaires. Et, au fil des heures, on en annonce de plus en plus dans d’autres maisons de retraite. Si Dieu existait, je prierais pour mon frère, pensionnaire impuissant de l’EHPAD où ses enfants l’ont fourré. Il est confiné, lui aussi, et il essaie de bien le vivre. Mais moi ça me met hors de moi : c’est comme si on vous obligeait, vous, quand vous êtes sain, à rester chez vous en accueillant, plusieurs fois par jour, des gens venus d’horizons divers, équipés d’un masque qui, peut-être, les protège eux, mais pas vous… Ne sors pas ! Mais si le virus vient à toi, laisse le entrer…

Alors, il faut bien les soigner, bien sûr… Mais quand même, dans cette configuration imprévue d’un virus extrêmement contagieux, c’est un peu comme si, sans y penser, on les avait condamnés à mort en confiant leur exécution à un bourreau, le hasard…

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23 mars, Confinement Jour 7



La nuit dernière j’ai essayé de garder le masque sur le visage pour minimiser l’exposition de mes voies ORL aux pollens et poussières. Et ce matin ça va un peu mieux. Annie décide qu’aujourd’hui on va faire un grand ménage. C’est vrai qu’après cinq mois d’abandon, la maison a accumulé de la poussière un peu partout. Donc, dès le matin, on s’y met : lingettes-plumeaux, aspirateur, serpillière, toute la maison y passe avec des produits tels que vinaigre ou eau de Javel. En deux heures, c’est fait ; il ne nous restera, dans quelques jours, que les vitrages à nettoyer.

Appel de ma mère : elle est inquiète après une conversation avec mon fils Xavier qui lui a dit que le coronavirus tuait moins que la grippe. « Qu’est-ce qu’on nous raconte à la télé, si c’est vrai ? » Alors je lui explique, et ça me permet d’éclaircir mes propres idées, mes doutes sur la pertinence de ces mesures de confinement. Je lui explique donc, calmement : si le virus tue deux fois moins que la grippe mais qu’il est dix fois plus contagieux, le résultat c’est qu’on aura cinq fois plus de morts qu’avec la grippe !

Mais ce qui fait débat ce lundi c’est « chloroquine ou pas chloroquine ? ». Belle bataille d’ego entre chercheurs pendant que le quidam, lui, crève de peur et, parfois, crève tout court.

Dans les restes de toile d’un vieux spi, Annie a cousu deux masques textiles qui ont l’air de bien fonctionner contre les pollens. En plus on peut les laver ! Il nous restait quatre masques papier, elle les donne à notre voisine, caissière chez LIDL, qui bosse sans aucune protection. Hier, elle en avait déjà donné pas mal à une amie infirmière. C’est rare de trouver des personnes qui ont, autant qu’elle, envie et besoin d’aider les autres sans rien attendre en retour. C’est, à bien y réfléchir, une des nombreuses raisons qui font que je l’aime.

Le soir, aux infos, on annonce, sur un ton de catastrophe, le décès de trois médecins, les premiers depuis le début de l’épidémie. Trois sur six cent soixante douze décès en hôpitaux, moi, ça me semble correspondre à peu près au profil de la population.



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22 mars 2020, Confinement Jour 6

Après une bonne nuit de sommeil, ça va mieux ; mais j’ai encore le nez qui coule et souvent des accès d’éternuements irrépressibles. Dans le garage j’ai retrouvé un vieux reste de lot de masques chirurgicaux. J’essaie d’en porter un, pour voir si ça arrête les pollens, et, très vite, je respire plus librement. Je garde donc le masque sur le nez ; je ne l’enlève que pour passer mon appel video quotidien à mon frère. S’agirait de pas l’affoler, il n’a pas besoin de ça !

Ce matin au petit déjeuner, Annie m’a tancé au prétexte que je me suis trompé de petite cuillère pour la confiture. Par mégarde j’avais utilisé celle de mon café. Après elle n’a plus voulu de ce pot de confiture et elle est allée en chercher un neuf.

Aujourd’hui c’est elle qui sort. Au retour, il faut désinfecter au vinaigre tous les emballages. Après, désinfecter ses chaussures et aussi la porte d’entrée.

À midi, poisson pané, champignons et riz ; c’est presque gastronomique… mais on n’a plus de Chardonnay.

Annie commence à évoquer le fait de continuer à faire des stocks de nourriture et de produits d’hygiène, même après le confinement : « des virus, il y en aura d’autres ! ». Elle me dit que, même après la crise que nous vivons, il faudra peut-être éviter de serrer la main de nos relations ou d’embrasser nos amis et nos proches…

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21 mars 2020, Confinement Jour 5

J’ai passé une mauvaise nuit : problèmes respiratoires, j’ai dû prendre de la ventoline au milieu de la nuit, moi qui n’en prends qu’exceptionnellement… À quatre heures du matin je suis debout. Restes du jet-lag ou virus, allez savoir ! Annie aussi est levée. Est-ce que c’est moi qui l’ai réveillée ou est-elle inquiète elle aussi ? Je ne ressens pas de fièvre et n’ai mal nulle part, ça me rassure un peu, c’est surement ces foutues allergies…

Les infos affirment qu’en Italie on a dépassé les quatre mille morts. Dit comme ça, c’est énorme… À peu près autant que les accidents de la route en France. Mais chez nous on a, aussi, et par an, douze mille morts d’accidents domestiques et, en plus, vingt mille morts de maladies nosocomiales. Du coup, je m’interroge : ces quatre mille morts, c’est à mettre en rapport avec quoi ? Entendez-moi bien, il ne s’agit pas de dire que le coronavirus c’est de la gnognotte, non, juste de savoir de quoi il retourne vraiment… Combien y a t-il de malades du COVID-19 au total en Italie ? Réponse : pas de réponse.

Après le petit déjeuner, je passe un appel video à mon frère Michel : il a l’air en forme, il a repris du poids après son hospitalisation subite du mois de décembre, et il rit facilement. Toujours en video, j’appelle mon fils, juste pour voir mes petits enfants. Il est un peu tôt, je le réveille…

Comme j’ai toujours la gorge qui gratte, j’augmente ma dose de cortisone mais ça ne donne rien.

Aujourd’hui c’est le tour d’Annie de sortir. Cet après-midi elle ira chercher du Rhinallergy ; elle en a besoin elle aussi.

Finalement c’est moi qui vais à la pharmacie ; Annie a préféré rester à la maison. Ou alors elle a fait ça pour me laisser le plaisir de cette petite sortie.

Sur le chemin, à l’aller comme au retour, je ne rencontre ni ne croise personne. La pharmacie, elle aussi, est déserte. Seules deux jeunes pharmaciennes masquées sont là, mais une affiche à l’entrée exhorte quand même les clients à ne pénétrer que l’un après l’autre dans l’officine. Je prends bien garde à rester le plus loin possible de la jeune fille qui me sert, au cas où les allergies ne seraient pour rien dans les troubles que je ressens.

Au fil de l’après-midi, au fur et à mesure des pastilles sucées, ça commence à aller mieux. Oufff…

Pendant ces heures oisives, j’interroge mon ami google sur les chiffres et les statistiques liés à l’épidémie. Combien y a t-il de gens infectés en France ? On ne sait pas. Mais, quand même, les spécialistes s’accordent à dire que, par rapport au nombre de cas identifiés dans les hôpitaux, le total des contaminés devrait être compris entre dix et quarante fois ce nombre. Ça ferait donc une population totale de malades variable entre cent cinquante et six cents mille personnes. Là dessus on a, à date, un peu plus de cinq cents morts, ça donne, à la louche un taux de mortalité compris entre 0,9 et 3 pour mille. Un score très voisin de celui de la grippe saisonnière… Tout ça pour ça ?

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